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Richard Zarzavatdjian
Notre spécialiste Santé

Le podcast


    Aujourd’hui, nous parlons du burn-out avec Charlotte Perrin-Costantino, docteure en psychologie. Experte des troubles psychologiques au travail, elle a exercé de nombreuses années dans des organisations sanitaires et médico-sociales au contact des patients et des professionnels de santé.

    Comment définir le burn-out ?

    D’abord, il est important de rappeler que le burn-out ressemble à la dépression. Classiquement, la dépression est liée à des vécus de pertes qui vont provoquer un sentiment d’impuissance, comme si on était face à une vague qui nous submerge. Petit à petit, cela crée des vécus de dépréciation car on a l’impression de pas être capable de faire son travail. Puis, comme un jeu de domino, une culpabilité s’installe : on se fait le reproche de ne pas être à la hauteur


    Charlotte PERRIN-COSTANTINO

    Contrairement aux idées reçues, le burn-out touche les forces vives d’une entreprise : les gens très engagés, perfectionnistes…


    Comment savoir si on est en burn-out ? 

    C’est bien le souci avec le burn-out. Souvent, la personne ne se rend pas compte qu’elle atteint sa zone d’épuisement et va même développer un mécanisme de défense que l’on appelle « l’accélération ». Au lieu de lever le pied, la personne va se jeter à corps perdu dans le travail. La plupart du temps, c’est le corps qui dit : « Stop ! » On est dans l’accélération, on travaille trop, on s’épuise. Et un matin on ne peut pas poser le pied par terre.
     L’entourage et les collègues sont les meilleurs diagnostiqueurs de ces états à risque de burn-out. Il faut souligner que, contrairement aux idées reçues, le burn-out est un phénomène plus collectif qu’individuel. On doit donc porter une attention sur le climat général dans les équipes. On peut déceler une équipe qui commence à déprimer dans un climat marqué par des tensions, des conflits, de l’agressivité dans les échanges quotidiens. L’individu va lutter dans un premier temps avant de craquer.

    Au-delà de tout ça, les personnes attribuent d’abord l’angoisse et l’anxiété à leur travail. Cela fait penser à une forme de phobie. Elles parlent également de troubles du sommeil, de ruminations, de la perte de l’élan vital, d’autodépréciation, de reproches… Plus simplement, tous les symptômes de la dépression.

    Comment prévenir le burn-out ?

    Tout d’abord, il faut bien se connaître. Contrairement aux idées reçues, le burn-out touche les forces vives d’une entreprise : les gens très engagés, perfectionnistes… Ces personnes vont être sensibles aux aléas du travail car, quand on est engagé, on est plus à risque. Alors qu’en conservant la bonne distance avec son travail, on est plus naturellement protégé.
    Ainsi, il faut laisser le travail à sa juste place, avec des frontières claires entre l’espace du travail et des espaces personnels de ressourcement. Il est important de connaître les personnes-ressources et les appuis dans l’organisation de travail, c’est-à-dire les personnes sur qui on peut s’appuyer quand on rencontre une difficulté dans le quotidien.
     Par ailleurs, dans chaque établissement, il existe des voies de signalement. Il est nécessaire de connaitre ces dispositifs qui font tiers quand il y a un conflit entre un salarié et sa hiérarchie par exemple.


    L’essentiel pour lutter contre le burn-out

    • Bien se connaître
    • Laisser le travail à sa juste place
    • Connaître ses personnes-ressources
    • Identifier les voies de signalement au sein des organisations
    • Ne pas hésiter à faire appel à un professionnel

    Symptômes du burn-out : conséquences et risques

    Le burn-out infirmier et soignant se caractérise par un état de fatigue sévère chez les professionnels de santé. Même si les symptômes du burn-out peuvent se manifester de façons différentes selon les individus, il existe des signes d’épuisement communs à tous que l’on regroupe généralement en 5 catégories : émotionnel, comportemental, cognitif, motivationnel et physique.

    • La fatigue émotionnelle s’exprime par l’anxiété, les tensions musculaires diffuses, l’irritabilité ou l’absence d’émotion. C’est une des fatigues les plus communes auprès des soignants.
    • Parmi les manifestations cognitives, on fait face à des troubles de la mémoire, de l’attention ou encore de la concentration. Par exemple, on a besoin de plus de temps pour être en cohésion avec le patient et ses pathologies.
    • Dans le champ motivationnel, les personnes peuvent subir un désengagement progressif, un effritement des valeurs associées au travail et ressentir des doutes sur leurs propres compétences. En résumé, on doute de son choix, souvent fait par passion d’aider les autres.
    • Parmi les symptômes comportementaux, on retrouve l’isolement social et l’augmentation des comportements addictifs.
    • Les symptômes physiques tels que des troubles du sommeil, des vertiges ou encore des troubles musculosquelettiques peuvent également avoir pour origine un burn-out.
      Ces manifestations rendent alors le métier de soignant encore plus difficile.

     

     

    L’épuisement professionnel se manifeste par une série de réactions engendrées par des situations de stress professionnel chronique, où la dimension de l’engagement occupe une place prédominante. Toutefois, le burn-out constitue seulement l’une des trois formes de l’épuisement professionnel. On évoque également le bore-out et le brown-out.

    Les symptômes du burn-out se caractérisent par une fatigue prononcée, voire extrême, sur une période prolongée, résultant d’un investissement excessif dans la vie professionnelle
    Il se manifeste par un épuisement physique et émotionnel, une diminution de l’engagement au travail et une baisse de l’efficacité professionnelle.

    Il existe trois catégories de risques dans le burn-out que l’exercice d’un métier à responsabilité comme le vôtre peut accentuer :

    • Le risque professionnel : le responsable et les collègues sont des facteurs essentiels pour les personnes souffrant de burn-out. En effet, la faute professionnelle due à la fatigue ou au surmenage peut être irrévocable dans le monde hospitalier. Afin de protéger ses collègues, ses patients et parfois soi-même, il est indispensable d’être vigilant à tout moment afin d’éviter les sanctions disciplinaires, pénales et civiles encourues en cas d’erreurs fatales.
    • Le risque physique : l’épuisement professionnel peut avoir des conséquences sur votre corps à plus ou moins grande échelle. En effet, vous pouvez ressentir des vertiges ou des malaises à cause du stress trop important et vous blesser lors d’une mauvaise chute. Le risque le plus important, sur ce plan, est l’apparition de troubles musculosquelettiques qui perdureront sur le long terme et compliqueront les interventions auprès des patients.
    • Le risque mental : le burn-out est une maladie qu’il faut prendre au sérieux et soigner correctement. À terme, il peut entraîner une dévalorisation de l’individu, une perte de confiance en soi, un sentiment d’inutilité et, par extension, un état dépressif sévère. Dans les cas les plus extrêmes, les conséquences du burn-out peuvent même entraîner des lésions neurologiques.

    L’épuisement professionnel est progressif et composé de quatre phases distinctes : la phase d’alarme, la phase de résistance, la phase de rupture, et enfin, le burn-out.

    Dans la phase d’alarme, le premier signe est le stress, se manifestant de manière répétée sur une période prolongée. Ce stress constant, qualifié de stress chronique, devrait susciter une prise de conscience chez vous. Il est impératif pour vous d’éliminer la source du stress et de vous permettre de vous reposer, sinon la nervosité s’accumule et s’intensifie. Des symptômes biologiques tels que des douleurs gastriques, des ulcères d’estomac, des troubles du sommeil, etc., peuvent également apparaître. C’est une étape cruciale où vous devez agir en diminuant ou supprimant la source du stress, ainsi qu’en permettant au corps de récupérer. C’est essentiel pour votre corps et votre esprit.

    Dans la phase de résistance, votre corps s’adapte progressivement au stress permanent, et les signaux d’alarme physiques s’estompent. Cependant, votre corps reste en souffrance, mais vous pouvez ne pas vous en rendre compte, entraînant le déni. Il est crucial à ce stade que vos proches soient vigilants et vous aident à prendre conscience de la situation. Des moyens efficaces peuvent être mis en œuvre pour éviter la transition vers la phase suivante et ultimement vers le burn-out.

    La phase de rupture marque la limite des capacités de résistance de votre organisme. Certains symptômes réapparaissent, signalant une usure des ressources qui étaient présentes dans la phase de résistance. Il est urgent de réagir, car des mécanismes irréversibles liés au burn-out peuvent s’installer en vous. L’incapacité de récupérer malgré une bonne nuit de sommeil ou des vacances constitue un signal d’alarme indiquant un risque de burn-out.

    Enfin, le burn-out survient lorsque vous vous épuisez tant physiquement que mentalement. Votre système de défense est dépassé, et il ne peut plus faire face au stress chronique au travail. C’est une période de dépression constante et d’angoisse, accompagnée d’une perte de confiance en vous et de motivation envers le travail. Des comportements cyniques et de dépersonnalisation envers autrui et envers vous-même peuvent également se manifester. À ce stade, seul un traitement de longue durée, comprenant un arrêt de travail prolongé et une thérapie avec un psychothérapeute, peut vous aider à retrouver progressivement un équilibre de vie. Cependant, une certaine fragilité face au stress peut persister.

     

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