C’est quoi le vieillissement physiologique ?
Il est défini comme l’ensemble des modifications se produisant au cours de l’avancée en âge, en dehors de toute maladie. C’est un processus obligatoire pour toutes les espèces à durée de vie longue. Il intervient à tous les niveaux (gènes, molécules, cellules, tissus).
Il n’y a pas d’âge seuil de la vieillesse : en 1900 on était vieux à 50 ans, en 2000 à 75 ans. Serons-nous vieux seulement à 85 ans en 2040 ?
Par exemple le vieillissement « cognitif » physiologique est une réduction modérée des performances mnésiques qui concerne essentiellement la mémoire immédiate (« où ai-je posé mes clés ? Où ai-je garé ma voiture ? »).
Les acquisitions anciennes et l’expérience se maintiennent longtemps alors que les capacités attentionnelles, la vitesse d’exécution et l’adaptation aux situations nouvelles se dégradent plus précocement. Des activités comme la conduite automobile, chez une personne très âgée exempte de maladies, peuvent devenir dangereuses. Mais il existe une grande variabilité interindividuelle.
Nous voulons tous vieillir en bonne santé
Le vieillissement en bonne santé est le processus de développement et de maintien des aptitudes fonctionnelles qui permet aux personnes âgées de jouir d’un état de bien-être. Les aptitudes fonctionnelles sont les capacités qui permettent aux individus d’être et de faire ce qu’ils jugent valorisant. L’Organisation Mondiale de la Santé déploie un programme nommé « Décennie pour le vieillissement en bonne santé 2021 – 2030 ». On compte déjà plus d’un milliard de personnes âgées de 60 ans ou plus, dont la plupart vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Bon nombre d’entre elles n’ont pas accès aux ressources de base nécessaires pour mener une vie empreinte de sens et de dignité.
Dans les pays plus favorisés, dont la France, c’est grâce à la prévention dès le plus jeune âge, à l’éducation thérapeutique et au dépistage précoce de maladies, que la durée de ce vieillissement en bonne santé a tendance à augmenter d’années en années.
Le vieillissement modifie bien sûr notre relation au travail
La population active vieillit : la part des plus de 50 ans dans la population active augmente. Même si les situations démographiques sont diverses selon les secteurs et les territoires, les entreprises devront majoritairement composer avec une population active plus âgée. Ensuite, les réformes des retraites entraînent un allongement de la vie professionnelle et un recul de l’âge de départ à la retraite. Les salariés devront donc rester plus longtemps en activité.
Ces évolutions ne seraient pas un problème si les conditions de travail étaient favorables. Malheureusement certaines caractéristiques du travail connues pour être particulièrement pénalisantes pour les travailleurs vieillissants et sources d’usure professionnelle continuent leur progression en France : les exigences physiques, le travail de nuit, l’intensification du travail, l’accélération des changements dans le travail.
Pour prévenir l’usure professionnelle, trois perspectives sont à considérer : les conditions et l’organisation du travail (avec leurs enjeux en termes de santé et de compétences), la démographie de la population active, et enfin, le déroulement des parcours professionnels.
Pour bien vieillir, Il faut faire le deuil de sa jeunesse
Notre société porte assez souvent des représentations négatives sur la vieillesse physique et nie celle du psychisme.
Chacun redoute la vieillesse mais aspire à vivre le plus longtemps possible, tous espèrent mener une carrière des plus performantes mais refusent l’idée de perdre leurs acquis lors du passage à la retraite, ils souhaitent gravir les échelons de la société mais refusent d’entrer dans la catégorie des personnes d’âge mûr… Et que dire de l’avènement de ces individus apparaissant sans âge, ou encore de la technologie qui ravive le mythe de l’éternelle jeunesse ?
Alors que chaque étape de la vie se présente telle une rupture, entre un avant et un après une date précise (majorité, mariage, naissance, …), la vieillesse, elle, s’installe progressivement dans le psychisme, tel un chemin à parcourir pour « accepter de vieillir ».
La vieillesse se présente tel un deuil de soi, une perte de ses propres capacités et de ses propres acquis.
Ce deuil, comme tous ceux qui jalonnent notre vie, est une reviviscence de la perte ancienne entre l’enfant et la mère. Mais en même temps cette perte est fondatrice car elle permet de créer de nouvelles structurations psychologiques internes.
Pour accepter sa vieillesse, chaque personne doit redéfinir ses rapports au temps, à l’espace, à la société, à l’argent, au travail etc… Si cette redéfinition entraîne obligatoirement des pertes, le travail psychique sera de trouver des compensations, des gains qui viendront en contrepartie des pertes : mûrir, se préserver, disposer de temps, voyager, être libre, etc.
L’âgisme apparaît lorsque l’âge est utilisé pour catégoriser et diviser les gens d’une façon qui entraîne des préjudices, des désavantages et des injustices. Il peut prendre de nombreuses formes, se traduisant par des attitudes empreintes de préjugés, des actes discriminatoires et des politiques et des pratiques institutionnelles perpétuant des croyances stéréotypées.
L’âgisme s’insinue dans de nombreuses institutions et secteurs de la société, notamment dans les secteurs de la santé et des services sociaux, sur le lieu de travail, dans les médias et dans le système juridique. Le rationnement des soins de santé sur des critères exclusifs d’âge est par exemple très répandu. Une revue systématique menée en 2020 a ainsi montré que, dans 85 % des 149 études couvertes, l’âge avait servi à déterminer les bénéficiaires de certains actes médicaux ou traitements.
L’OMS souligne que l’âgisme a des conséquences graves et profondes sur la santé et le bien-être des gens. Chez les personnes âgées, il est associé à une moins bonne santé physique et mentale, à un plus grand isolement social et à une solitude accrue, à plus d’insécurité financière, à une baisse de la qualité de vie et à un décès prématuré. On estime que 6,3 millions de cas de dépression dans le monde sont dus à l’âgisme. Ce phénomène se recoupe avec, et accentue, d’autres formes de désavantages, notamment ceux liés au sexe, à la race et au handicap, ce qui a des conséquences négatives sur la santé et le bien-être des personnes.
La discrimination fondée sur l’âge coûte des milliards de dollars. Aux États-Unis, une étude menée en 2000 a montré que l’âgisme, qui se traduit par des stéréotypes et des perceptions de soi négatifs, entraîne chaque année 63 milliards USD de coûts supplémentaires pour les huit problèmes de santé les plus coûteux.
Article rédigé par Bruno Favier, médecin gérontologue, directeur médical MGEN
Sources :
- Organisation Mondiale de la Santé – OMS
- Site psychologie.fr
- Vieillissement physiologique : Équipe médicale CH de Carcassonne