Santé environnementale

Les enjeux de la perte de la biodiversité

En février 2019, la revue « Biological Conversation » publiait la synthèse de 73 d’études scientifiques. Le constat est clair : les insectes sont en déclin rapide dans le monde entier et cet effondrement cause la perte d’une biodiversité essentielle à tous.

La biodiversité, un essentiel en santé environnementale

L’agriculture intensive est l’une des premières causes de la disparition de l’habitat de ces espèces. L’utilisation des pesticides et le changement climatique s’y ajoutent.

C'est le plus « massif épisode d'extinction » depuis la disparition des dinosaures, selon Francisco Sanchez-Bayo et Kris Wyckhuys, chercheurs au sein des universités de Sydney et du Queensland. Selon leur calcul environ un tiers des espèces sont menacées d'extinction, et « chaque année environ 1% supplémentaire s'ajoute à la liste ».

Les insectes sont d’une importance capitale pour la biodiversité : ils sont indispensables à la pollinisation des plantes (sans elle, pas de reproduction). Par ailleurs, ils sont aussi un maillon essentiel pour un grand nombre d’espèces car ils constituent leur alimentation de base, c’est notamment le cas des oiseaux. En 2018, Vincent Bretagnolle, chercheur au CNRS, avait tiré la sonnette d’alarme quant à la disparition très rapide des oiseaux, affirmant que leur population avait été réduite d’un tiers en 15 ans. Un déclin qui ne manquera pas, lui aussi, d’avoir des conséquences sur le reste de notre écosystème.

En effet, la valeur ajoutée de la biodiversité se déclinent sur quatre versants : économique, social, culturel et esthétique. Par exemple, les cultures agricoles ont besoin des insectes pollinisateurs comme les abeilles ou d’un sol fertile grâce aux vers de terre. La biodiversité permet aussi l’équilibre naturel entre les espèces d’insectes. Ainsi, si l’une ou l’autre des espèces disparait, c’est toute les chaînes alimentaires qui en pâtissent, y compris l’agriculture. L’industrie pharmaceutique est également dépendante de la biodiversité. Le marché de la biopharmaceutique représentait notamment 14 % du marché pharmaceutique global en 2011. En outre, les Français souhaitent de plus en plus des produits à base de plantes lors de leurs achats de médications non remboursées. Ainsi, en 2018, 30 % des produits achetés sans ordonnance étaient dit “naturels”.

Quelles mesures ? Exemples frontaliers

En Allemagne, il a par exemple été décidé d’un plan d’action pour protéger les insectes. Il est prévu une réduction significative de l’utilisation des pesticides chimiques, ainsi que d’autres substances nocives pour les habitats des insectes. Le plan projette notamment la sortie totale du glyphosate à partir de 2023. La licence de cet herbicide, classé « cancérogène probable pour l’homme » par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) avait été autorisée par l’Union européenne en 2017, pour cinq ans.

Un projet de loi allemand interdit, d’ici 2050, le bétonnage de nouveaux terrains, par exemple dans le cadre de la construction de lotissements ou de routes. Il épingle également l’éclairage nocturne et vise à le réduire, afin d’éviter de désorienter les insectes.

Par ailleurs, une pétition pour sauver les abeilles, avec un nombre record de 1,75 millions de signatures (soit 18,4 % des votants) a été lancée en Bavière par le parti écologiste. Cette pétition demande que 20 % des terres arables (c’est à dire susceptible d’être labourées ou cultivées) respectent les normes de l’agriculture biologique d’ici 2025, que 10 % des espaces verts soient transformés en prairies fleuries (favorables à la reproduction des abeilles) et que les cours d’eau soient mieux protégés des pesticides et des engrais.

Si elles étaient adoptées, ces mesures pourraient s’avérer déterminantes pour la protection des insectes et la sauvegarde de la biodiversité de manière générale.

SOURCES :

Synthèse d’études scientifiques (en VO- Anglais) : https://bit.ly/37RjRcL

Le journal CNRS : https://bit.ly/2QZq14y

L'importance de la biodiversité : https://bit.ly/2DyvDL7

Classification des substances cancérogènes par le CIRC : https://bit.ly/2OvlMMp

Baromètre annuel de l’association française des industriels du secteur (Afipa) : https://bit.ly/2OzrMEh

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