La fréquence est ce qui permet au son d’être grave, medium ou aigu (medium = entre grave et aigu). Elle se mesure en Hz, l’Hz désignant le nombre de fermetures et d’ouvertures des plis vocaux par seconde. Pour l'émission des sons graves, on observe peu d’oscillations des plis vocaux. En revanche, pour faire l'aigu, un grand nombre d'oscillations des plis vocaux par seconde est nécessaire.
La hauteur de la voix humaine est définie par la fréquence fondamentale (Fo) qui est la tonalité la plus fréquemment utilisée par le sujet, chaque sujet utilisant différentes hauteurs dans une même phrase parlée.
Quelques chiffres :
Fo moyenne chez l’homme : 110Hz soit 101 ouvertures et fermetures des plis vocaux par seconde…
Fo moyenne chez la femme : 220 H
Fo moyenne chez l’enfant : 300Hz[RA1]
Chanter juste est l'aptitude à reproduire la hauteur des sons que l'on entend. Cela est une compétence naturelle pour la grande majorité, qui bien souvent, l'ignore.
Du point de vue auditif, l'oreille perçoit les sons sur une échelle de fréquences allant à peu près de 16 hertz (son très grave) à 16 000 hertz (son très aigu). Ces limites d'audibilité ne sont pas strictes et varient en fonction des individus.
16000 Hz sons aigus <-------------------------> 16 Hz sons graves
La voix humaine est capable de produire une très grande variété de fréquences. C'est en modifiant la tension, et surtout, l'épaisseur des cordes vocales, que l'on peut changer leur fréquence de vibration, ce qui a pour effet de faire varier la hauteur des sons émis par la voix.
L’ensemble des fréquences utilisables par une personne s’appelle l’étendue vocale ou encore l'ambitus, pour la voix chantée.
En voix parlée, nous modulons généralement autour de quelques tons, la plupart du temps d'une quinte (cinq tons). Tout dépend cependant si nous modulons peu ou beaucoup notre voix en parlant.
En voix chantée, la plupart des répertoires lyriques modernes ou classiques et de tout style, demandent de posséder un minimum de 2 octaves.
Notre étendue vocale est plus ou moins importante, à la fois selon notre héritage génétique et selon que nous travaillons notre voix ou pas et dans quel style.
En voix chantée, chez certaines personnes, elle ne dépasse pas 8 tons (1 octave à peine environ). Chez d'autres, elle peut couvrir 24 tons soit 3 octaves, voire davantage dans le cas de ce qu'on appelle "les voix longues", comme c'était le cas pour le chanteur des Queen, Freddy Mercury, de Maria Callas (2 octaves et 7 tons) ou encore de Maria Carey qui possède 5 octaves !
De tous temps, les compositeurs d'opéra, de musique religieuse, de comédies musicales ou de chansons ont utilisé la hauteur à des fins expressives.
Les sons extrêmement aigus écrits par Mozart dans les célèbres airs de la reine de la Nuit dans l'opéra la Flûte Enchantée, expriment la colère. Ils correspondent à 1480 oscillations des plis vocaux par seconde !
L'air de la comédie musicale Starmania de Michel Berger "j'aurais voulu être un artiste" demande au chanteur suffisamment de virtuosité pour produire à la fois des sons très graves mais aussi des sons très aigus. Les phrases ascendantes et l'aigu sont exploités afin de traduire le rêve de liberté dont le business man rêve.
Les castrats possédaient également une étendue vocale importante pouvant aller jusqu'à plus de 4 octaves chez le grand castrat Farinelli qui, au 18ème siècle, enchanta ses contemporains par d'innombrables prouesses vocales. ... A cette époque, les aigus étaient synonyme de vaillance et de courage... Plus le castrat chantait aigu et plus le personnage qu'il interprétait était valeureux...
En matière de voix, comme dans le domaine du vêtement, ou de la beauté, il existe en effet des modes. Celles-ci concernent souvent le paramètre de la hauteur qui influe beaucoup sur la représentation que nous nous faisons de telle ou telle personne.
Ainsi, depuis plus de vingt ans environ, pour les femmes, en matière de voix parlée, la mode est aux voix graves, notamment dans l'univers de la chanson de variétés et du théâtre. Etre femme et avoir une voix forte et aiguë est souvent perçu comme un manque de contrôle. L'aigu féminin n'est toléré qu'à intensité basse ou moyenne et un peu assourdi car il peut rappeler les voix de petites filles ou d'adolescentes. Seul l'univers de la musique lyrique occidentale traditionnelle valorise l'aigu.
Dans le même ordre d'idées, on attend qu'un homme ait une voix plutôt grave et sonore, que l'on associe au calme, à la maîtrise et à la sécurité. Mais paradoxalement, dans l'univers artistique actuel, on constate une grande place faite aux voix aiguës, voire suraiguës d'hommes.
Or, du plus grave au plus aigu, tous les types de voix existent.
Comme nous ne choisissons pas d'être petit, moyen ou grand, ou d'avoir les yeux de telle ou telle couleur, il en est de même pour la hauteur de notre voix. Certaines voix ont presque naturellement ce que d'autres n'atteignent jamais, ou seulement au prix d'un entrainement acharné.
Les représentations véhiculées par les médias et parfois par les professionnels de la voix eux-mêmes sont souvent préjudiciables car elles nuisent à la neutralité d'esprit nécessaire à la découverte de son instrument vocal.
Celui-ci est unique et souvent beaucoup plus intéressant que celui d'un tel ou d'une telle qu'on rêverait d'avoir... La voix invite à réviser ses préjugés sur soi-même.
Expérimentez !
Sans réfléchir, notez les représentations que vous avez de l'aigu ? Du grave ? Utilisez des adjectifs et notez- les. Relisez à tête reposée. Quel enseignement en tirez-vous ?
Article rédigé par Corinne Loie, orthophoniste et chargée de prévention MGEN