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Cancers : dépister pour sauver des vies !

« La prévention contre le cancer se situe dans une démarche globale de protection »

Prévention et dépistage occupent aujourd’hui une place centrale dans la lutte contre le cancer, notamment ceux contre lesquels il est possible de se prémunir.
 

Le point avec Anne Lesur, médecin spécialiste des Centres de lutte contre le cancer, avec une compétence en oncologie gynécologique et mammaire, très engagée dans ce combat au côté de ses patientes*. 

Prochainement se dérouleront la Journée mondiale contre le cancer et la Semaine européenne de prévention du cancer du col de l'utérus. Quel signal fort renvoient ces deux événements ? Quel message portez-vous de votre côté ?

S’ils visent, de manière générale, à attirer l’attention des populations sur le cancer, ces manifestations sont aussi le signe que le monde se préoccupe aujourd’hui de prévention. Il s’agit d’inciter les personnes à se prémunir contre la maladie, notamment contre les cancers qu’il est possible de prévenir, en adoptant de bonnes habitudes d’alimentation et d’activité physique, en se faisant dépister ou encore vacciner contre le cancer du col de l’utérus. Je suis moi-même engagée avec Octobre Rose, mois durant lequel les femmes sont invitées à penser à la prévention, à prendre soin d’elle, de leurs seins. Avec un message clair : le cancer du sein est une maladie fréquente, qui se guérit. Il ne faut donc pas avoir peur d’en parler et de s’informer, de se faire dépister.  

Chacun doit être conscient qu’il peut être acteur du déroulement de sa propre vie, en améliorant la qualité de celle-ci, en réunissant les bonnes conditions pour bien vivre et bien vieillir. 

Dans une vision plus générale, l’attention que nous pouvons porter à nous-même, à notre vie et à notre santé, rejoint celle que nous devons avoir pour notre environnement, la vie sur notre planète. La prévention contre le cancer se situe dans cette démarche globale de protection. 

De nouvelles recommandations ont été adoptées par l’Union européenne en matière de dépistage du cancer. Que vous inspire ces récentes dispositions ? 

Il est plutôt rassurant que divers pays forment une communauté de pensée contre le cancer, s’accordent pour prendre les mêmes mesures, donnent plus de poids à la lutte contre la maladie. Cette cohérence européenne constitue un grand progrès pour l’ensemble des populations. Elles doivent profiter des mesures de dépistage précoce recommandées, tout particulièrement pour les cancers du sein, de col de l’utérus, colorectal, de la prostate. Cela est essentiel pour éviter les diagnostics tardifs et, dans certains cas, le développement d’un cancer. Concernant le sein, il faut savoir qu’une femme sur 6 ou 7 développera la maladie, et que toutes les femmes sont concernées. Mais aussi que cette maladie très fréquente guérit dans 90% des cas, si elle est dépistée tôt, avec des outils de qualité, spécifiques, sensibles. Lorsque le dépistage est bien organisé, encadré, il est utile et efficace car il sauve des vies. Cela est observé dans tous les pays où il est mis en place, et c’est pour cette raison qu’il faut valoriser cette démarche. Outre la détection précoce, l’amélioration de la qualité de vie ainsi que la lutte contre la sédentarité et le surpoids doivent s’imposer comme une autre priorité majeure en matière de prévention.

En 2014, vous avez mis en place le « Parcours Sein » à l’Institut de cancérologie de Lorraine. Qu’apporte aux femmes cette approche innovante et ciblée ?

L’idée était de replacer la patiente au centre de la démarche, en harmonisant toute la trajectoire de soins et en l’accompagnant dans toutes les étapes, de l’annonce du diagnostic jusqu’à l’après cancer. Ce parcours de soins coordonnés correspond à une prise en charge globale et adaptée, en étroite collaboration avec l’environnement médical habituel. L’objectif est d’amener les patientes à une compréhension du diagnostic, puis de leur proposer la meilleure solution possible de traitement, en avançant pas à pas. 

Le Parcours Sein, c’est être attentif à chaque femme, dans son histoire de vie, les écouter, répondre à leurs questions, expliquer, rassurer. C’est les aider à maîtriser la peur et l’angoisse qu’elles peuvent ressentir, à réussir à intégrer leur maladie dans leur chemin de vie. C’est bâtir pour chacune un plan personnalisé. C’est aussi la possibilité d’un meilleur après. Avec ce Parcours, nous essayons de redonner priorité à l’humain, à travers la bienveillance, l’attention, le regard à l’autre, en optimisant le lien entre les patientes et les professionnel.les de santé. Ainsi, se recrée insensiblement une dynamique du futur, pleine de promesses.

Propos recueillis par Claire Reuillon

*Elle a exercé plus de trente ans à l’Institut de cancérologie de Lorraine Alexis Vautrin. Depuis mars 2022, elle a repris une activité de consultation au centre médical et dentaire MGEN de Nancy, ce qui lui permet de suivre et accompagner les femmes – tout particulièrement celles ayant eu un cancer du sein - dans leur parcours de soin.

Pour en savoir plus : 

 

« Lorsque le dépistage est bien organisé, encadré, il est utile et efficace car il sauve des vies ». 

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